Annoncé lors de l’E3 2021 à l’occasion de l’évènement EA Play, GRID : Legends est le cinquième opus de la série GRID, mais il s’agit surtout du premier développé depuis que Codemasters est passé sous l’égide d’Electronic Arts. L’idée de base est de reprendre les ingrédients qui ont fait le succès de Racedriver : GRID (le premier opus de la série), tout en y ajoutant quelques nouveautés à l’image d’un mode narratif assez inédit dans la série, mais qui s’avère être fort à la mode dans les dernières productions de Codemasters. De quoi faire entrer ce nouvel opus dans la légende ? Réponse dans notre test.
Après un épisode 2019 (appelé GRID tout simplement) convenu mais efficace, Codemasters revient donc avec GRID : Legends pour séduire les fans de course arcade. L’objectif est clair : se faire plaisir avec de grosses sensations de vitesse, mais sans avoir besoin du talent d’un Ayrton Senna pour garder son bolide à la limite de l’adhérence, et ainsi en tirer la quintessence. Sur ce point, si vous avez joué au précédent opus, on peut vous assurer que vous ne serez pas dépaysés. Le pilotage est toujours aussi simple, et si quelques aides au pilotage sont présentes, même en retirant tout, il n’y aura pas besoin d’avoir de talent particulier pour gagner des courses. Pour autant, les différences entre voitures sont bien perceptibles (entre traction et propulsion, mais aussi entre supercar et véritable voiture de course), même si on reste à des années-lumière de ce que proposent les vraies simulations exigeantes comme Assetto Corsa.
Rubeus ha GRID
On pestera ceci dit sur les voitures qui semblent toutes un peu lourdes, même lorsqu’on est au volant d’un véhicule censé peser moins d’une tonne. Le pilotage reste aisé, et on s’amuse très rapidement, surtout que l’IA ne propose pas un grand challenge quel que soit le niveau de difficulté choisie. Attention, la difficulté Légende (la plus élevée) représente une sacrée marche par rapport aux précédentes options. Au milieu des classiques épreuves de course, de sprint, et d’élimination, GRID Legends signe surtout le grand retour du Drift ! Épreuve phare de Racedriver : GRID qui avait réussi à offrir une maniabilité hyper accrocheuse (à défaut d’être réaliste) à certains bolides, dont la célèbre Nissan Silvia S15. La discipline est toujours aussi efficace, mais l’effet de lourdeur des voitures dont on a déjà parlé nuit aux sensations, et si le mode a le mérite d’être présent, il n’est plus aussi fun qu’avant.
Niveau contenu, il y a pourtant de quoi faire, avec de nombreuses disciplines, et si la plupart sont des reprises de ce qui existait dans l’épisode précédent (Touring, GT, etc…) on a droit à quelques petites nouveautés, dont l’arrivée de bolides électriques. On va ainsi avoir droit à des supercars, mais aussi à une copie des Formule-E. Le sel des bolides électriques réside bien entendu dans leur fameux boost qu’on peut débloquer en suivant des trajectoires (pas optimales) spécifiques sur les circuits, comme dans les vraies courses de FIA Formule-E. La force de GRID : Legends, c’est de toujours permettre aux joueurs de choisir les disciplines qu’ils préfèrent, sans être pénalisés. En clair, si vous détestez le drift, il sera tout à fait possible de faire la carrière en boycottant les épreuves de ce type. Il suffit en fait de se focaliser sur quelques types de courses pour pouvoir progresser sans souci.
A Bug's life
Les amateurs de belles carrosseries en auront également pour leur argent avec un large choix de bolides, dont la sulfureuse Aston Martin Valkyrie (dont les premières livraisons viennent de débuter) qui n’est autre que la concurrente de la Mercedes AMG-One qui est la voiture ultime de Forza Horizon 5. On retrouvera aussi de nombreux classiques dont la Ford Turbo Capri Zakspeed, la Porsche 935 Moby Dick, ou la Mazda RX-7 Panspeed. Bien sûr les artistes en herbe pourront toujours faire preuve de leurs talents via l’éditeur de livrées hyper complet qui est disponible dans le jeu. D’ailleurs, Codemasters a encore enrichi cet outil, avec plus de motifs, de stickers de sponsors et de possibilités. Bref, tout ce qu’il faut pour pouvoir briller et sortir du lot lors des épreuves en multi. GRID : Legends offre d’ailleurs du mode « seamless multiplayer » qui permet en fait d’ouvrir votre partie aux joueurs en ligne, et ainsi profiter de vrais joueurs lors de n’importe quelle épreuve en mode carrière. Le hic, c’est que le système n’est pas forcément très au point. On a constaté pas mal de bugs gênants (une course qui ne se lance pas, une voiture placée face à une barrière en position de départ, ou des performances en baisse lorsque certains joueurs débarquent), malgré un PC de test plutôt puissant. Dommage, surtout qu’en solo le titre tourne plutôt bien, avec un rendu graphique tout à fait honorable, et moult effets comme des nuages de confettis, ou des feux d’artifice lorsqu’on passe l’arrivée.
Ceci dit, on risque de préférer les courses en multijoueur quand on voit ce que nous réserve l’IA. Le comportement des bots est hyper aléatoire, et si certains se plantent seuls (pourquoi pas), d’autres sont hyper agressifs. Bien que le système de Némésis soit toujours d’actualité (si on rentre dans un bot, celui-ci devient plus agressif avec nous), il ne marche pas vraiment. Les IA les plus violentes sont rarement nos rivales désignées, tandis qu’on devient souvent le Némésis d’un bot juste en le suivant d’un peu trop près. On ne vous parle même pas du rubber-banding de folie (le système qui regroupe le peloton, et fait que les IA se trainent quand on est dernier, et qu'elles rattrapent 10 secondes de retard en un seul virage lorsqu'on est premier) qui est absolument insupportable. Pire, les ennuis mécaniques aléatoires qui frappent les bots sont souvent assez cocasses. On a ainsi vu une Clio perdre son hayon en pleine ligne droite, sans aucune raison. Une anecdote distrayante, mais pas très réaliste malheureusement. Dans la même veine, on a aussi constaté que des murs de pneus s’écroulaient sans qu’aucune voiture n’ait eu de contact. Peut-être à cause d’une brise un peu trop forte ?
D’ailleurs, on précise qu’il est toujours possible de régler le niveau de dégâts qu’on souhaite, en allant de réalisme à cosmétique, sachant qu’on peut en sus cocher l’option terminal damage. Si cette dernière est activée, il sera possible de bousiller notre voiture au point de ne plus pouvoir continuer la course. Ceci dit, même en mode réalisme, le jeu reste hyper clément avec les chauffards, et il faudra vraiment travailler la carrosserie à grands coups de barrières et de pare-chocs avant de pouvoir avoir des dégâts mécaniques. Ces derniers sont assez variés, allant d’un problème moteur (perte de puissance) à une suspension flinguée (tenue de route plus qu’aléatoire) en passant par une direction tordue (la voiture tire à droite ou à gauche).
C'est l'histoire de la vie
Enfin, il faut aborder le mode histoire. Très à la mode dans les productions Codemasters depuis F1 2020, les parenthèses narratives ont eu plus ou moins de succès. Si celles de F1 2020 et F1 2021 étaient plutôt pas mal, l’histoire de DIRT 5 (avec Nolan North et les youtubers de Donut Media) était largement plus oubliable. Malheureusement, on est ici dans le second cas de figure. On ne critiquera même pas le scénario d’une platitude absolue, mais plutôt la manière dont celui-ci est livré au joueur, à savoir uniquement via des cinématiques live-action. Nos actions en course n’ont aucun impact sur le déroulé (du moment qu’on remplit l’objectif, genre terminez au moins 7e) de l’histoire, et on n’est jamais témoin en course des évènements contés plus tard. Par exemple, après une course où notre coéquipier est censé avoir subi un énorme crash, nous avons relancé la course, afin de pouvoir suivre l’infortuné pilote, et être ainsi témoins de son accident. Figurez-vous qu’il ne s’est absolument rien passé, et que la voiture de notre équipier s’est simplement arrêtée gentiment sur le côté de la piste à un moment donné, sans la moindre explication. Mieux, on rigole encore plus quand le pilote superstar de l’écurie RavenWest explique qu’il n’a jamais entendu parler de nous (on incarne le pilote 22, une personne qu’on ne voit jamais et qui n’est pas incarnée) alors qu’on a gagné les cinq dernières courses.
Bref, le mode histoire n’est à considérer que comme une petite carrière rapide et sympathique, mais sans plus. D’ailleurs les développeurs ont du se douter que l’enrobage narratif manque singulièrement de saveur, puisqu’il est possible de zapper toutes les cinématiques. En optant pour cette solution, on se retrouve avec une vingtaine de courses qui seront expédiées en quelques heures de jeu à peine. Heureusement, le mode carrière classique, et l’éditeur de courses permettront de garantir une large durée de vie à ce GRID Legends. D’ailleurs, on peut désormais améliorer nos bolides en allant dépenser des thunes dans une menu dédié, afin d’améliorer la puissance, les capacités de freinage ou encore la tenue de route de nos bagnoles.
L’idée était de pouvoir disposer d’un avantage, surtout en multijoueur. Malheureusement, il est tout à fait possible de créer un lobby qui interdise les voitures modifiées, et on ne doute pas que 99% des joueurs opteront pour cette solution. D’ailleurs, le fair-play n’est pas le roi sur les courses en multi, et la victoire sera plus souvent acquise grâce à la science des touchettes assassines qu’à celle des trajectoires parfaites. Vous l’avez compris, le gros du peloton tournera souvent au démolition derby. Tiens, d’ailleurs, cela nous fait penser que cette discipline était présente dans Racedriver : GRID, et qu’elle n’est jamais revenue depuis.